affirme Reina-Flor. Et pourtant, en termes de palmarès, le sien a de quoi impressionner. Car Reina-Flor est sportive de haut niveau, maintes fois championne de France et d’Europe, toutes catégories, et athlète olympique dans sa discipline : le 110 mètres haies. On n’a pas tous les jours l’occasion d’échanger avec une telle championne ! « Neuf mois après avoir donné naissance à mon fils, j’ai été sélectionnée pour les JO de Rio » annonce Reina-Flor, ajoutant « c’est là ma plus grande victoire ». Et tant pis pour le forfait qui ne la fera pas courir : sa trajectoire de vie est plus riche que ses exploits sportifs. Il lui faudra pourtant 5 ans pour accepter de ne pas voir cette étape comme un échec et pour en faire le point de départ de sa nouvelle vie..

Au-delà du palmarès, impressionnant, c’est bien la simplicité, l’authenticité et l’engagement qui imprègnent notre conversation et que l’on retiendra. Et il semble que c’est cela, l’intelligence émotionnelle dont Reina-Flor me parle, celle qui lui a permis de trouver équilibre et force tout au long de sa carrière sportive – et après. Une retraite de vie sportive aux Pays-Bas, donc. Son conjoint est néerlandais et c’est naturellement qu’au moment de changer de carrière, après de nombreuses années où il l’a, lui, suivie aux quatre coins de la France, ils ont décidé de s’installer dans un coin de verdure de la région de Groningen. « Ici tout est vert et luxuriant, on y vit comme dans un village. » Idéal pour ancrer ses deux enfants.

Aujourd’hui c’est bien l’esprit de village, à travers la transmission des traditions et savoirs ancestraux, qui l’anime. Reina-Flor a créé WeAreBokoboKids le village, qui transmet les connaissances et la sagesse millénaire africaines à travers des histoires pour les enfants à l’école primaire. « L’histoire antique de l’Afrique n’est pas apprise à l’école, or elle a quelque chose à apporter à tous les enfants, en particulier à ceux issus de la diaspora, souvent coupés de leur héritage africain. Car mieux comprendre est la clé d’une meilleure inclusivité » considère Reina-Flor. On pourrait écrire des pages sur les multiples facettes de la vie de Reina-Flor, dont le prénom africain, Enami, d’origine Bapoukou, signifie Âme. Je m’arrête ici, espérant vous avoir transmis la joie que j’ai eue à échanger avec elle. Quelle belle rencontre pour mon premier portrait d’un membre de cette communauté !

Reina-Flor Okori Makendengue
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Crédit photo: Geneviève Chassé (www.chasseportraits.com)/
Texte: Marine Guillermou